H - HOUMT SOUK
Houmt Souk "capitale" de Djerba ou plutôt chef-lieu administratif de l'île dépend du Gouvernorat de Médenine sur le continent. Cette délégation comptait 75 904 habitants lors des statistiques de 2014.
Il y a tant à dire au sujet de Houmt Souk . Par quoi commencer ?
A l'époque romaine de son nom premier Girba c'est déjà un port sur le côté nord de l'île qui connait de multiples invasions. C'est le Borj el Kébir (Borj Ghazi Mustapha) qui est le témoin privilégié de son histoire. Les corsaires et pirates en font leur repère bien protégé grâce aux hauts fonds. Mais qui dit port, dit échanges et si Girba reste un village calme en retrait du port, il va vite devenir Essouk el Kebir, le grand marché voire Souk el Khemiss le souk du jeudi avant d'opter pour Houmet Essouk, le quartier des marchés. De simple bourgade à vocation commerciale Houmet Essouk prend son essor pour devenir un pôle urbain, siège du pouvoir politique, administratif judiciaire et économique.
Houmt Souk au fil des siècles peut raconter son histoire avec une variété infinie de couleurs et de sons. Elle a vu défiler des peuples très différents : berbères, arabes, juifs, noirs, ottomans, européens, maltais, grecs, italiens, français, qui pratiquaient de multiples religions : musulmans malékites, hanafites et ibadites, juifs, chrétiens catholiques et orthodoxes, et parlaient toutes sortes de langues. On entendait autrefois le chelha c'est à dire le berbère, l'arabe, l'hébreu, le maltais, le grec, l'italien, le turc, le français... Aujourd'hui ce sont les touristes qui défilent à Houmt Souk et les djerbiens les apostrophent en français, allemand, italien, anglais, arabe ou russe ...
Houmt Souk est une belle mosaïque, symbole de diversité et de tolérance. C'est pourquoi j'aime cette ville à la fois si plurielle et si profondément attachée à ces racines.
Houmt Souk est donc née face à la mer près du Borj mais pendant très longtemps, victime des invasions de toutes sortes, elle lui a résolument tourné le dos. Le coeur de la ville c'est son marché central et les vieux quartiers alentour. Ce sont les souks, Souk Erbâa, que l'on doit aux turcs, galeries qui furent construites au 18ème et surtout au 19ème siècle. Houmt Souk est avant tout une ville commerçante avec de nombreux fondouks pour accueillir les marchands et négociants de toutes origines. La vieille ville c'est aussi le quartier maltais si pittoresque. Tout proche, le centre abrite des bâtiments à l'architecture de style colonial. La poste voisine avec la mairie, les commerces, la gare routière. A l'est figure un autre quartier particulier, Hara Kebira, le quartier juif avec ses échoppes où il fait bon s'arrêter quand on a une petite faim, fricassés, soupe, bricks il y a toujours de quoi se rassasier. Tout proche encore le quartier Essouani avec ses petites maisons près du stade.
Le quartier du port, la Marsa, abrite port de pêche et port de plaisance. Il a trouvé un nouvel essor avec la réalisation de la Marina vers 2009 et le quartier s'est enrichi de nombreux cafés et bars et donne accès aux routes littorales. L'une mène à la zone touristique et l'autre conduit par voie rapide à l'aéroport en passant par Sidi Salem. La particularité de ces routes en bord de mer c'est que à l'est comme à l'ouest se sont installées des cliniques privées, des maisons du médecin et autres laboratoires offrant ainsi à leur clientèle une vue imprenable sur la mer.
Les quartiers de résidence des djerbiens sont ailleurs, éloignés des activités commerciales. A l'ouest, entre les deux routes menant à l'aéroport s'étalent les quartiers de Boumelel et de Beni Bendou et de l'autre côté celui de Ejjouamaa. Dans ces quartiers djerbiens, cohabitent houchs, vieilles pierres, ateliers de tissage, de vannerie, mosquées et cimetières, petites épiceries, fermettes et imposantes villas. Houmt Souk n'en finit pas de se construire, de voir ses anciennes pistes converties en routes goudronnées.
A l'est c'est le quartier de Taourit plus proche de la mer et très recherché. Le littoral est superbe ici et l'hiver donne à voir une multitude d'oiseaux, de flamants roses et de hérons. Le quartier de Sidi Zaïed autrefois désert s'est rapidement peuplé, maisons, lotissements sont sortis de terre à toute vitesse. De là on peut rejoindre Fatou qui auparavant faisait partie intégrante de Houmt Souk.
Le rond point Chiraa est un lieu stratégique dans la ville, il dessert l'aéroport mais c'est aussi la route d'Ajim pour rejoindre les bacs pour le continent. Là aussi les constructions se sont multipliées. Il conduit aussi au grand magasin Carrefour, aux services publics comme la Steg et la Sonède en passant par un quartier industrieux avec ses garages, ses ateliers et ses boutiques de mécanique. Au rond point dit de l'Hôpital on prend à gauche pour Zarzis où une nouvelle grande surface de bricolage, Bricola, vient de s'installer. Mais si l'on continue tout droit on arrive au rond point dit de Promogros (première grande surface installée dans l'île et qui depuis a changé de nom). En prenant à gauche la route conduit à Midoun et elle est dévolue à la vente de divers matériaux de construction, aux boutiques de meubles et bien sûr aux nombreuses brocantes fort appréciées qui recyclent les meubles réformés des hôtels.
Houmt Souk a même sa plage publique, située à quelques kilomètres en prenant la route touristique. C'est Sidi Merhez belle plage avec sa face été et sa face hiver tout aussi surprenante. Houmt Souk n'en finit pas de se développer, nombreux de ces hameaux sont devenus des villages à part entière mais elle a su néanmoins conserver son côté authentique incontestable et naturel qui témoigne de l'histoire tourmentée des djerbiens.