G - GHRIBA
Un mois de mai à Djerba. Comme chaque année, voici revenu le temps des pèlerinages à La Ghriba. Le pèlerinage a subi de nombreuses vicissitudes depuis l'attentat de 2002 puis suite aux années post-révolutionnaires et leur cortège de mesures sécuritaires. Il semble que ce soit vers 1920 que le pèlerinage ait été institué, il se déroule lors de la célébration de Lag Ba'omer soit 33 jours après les fêtes de Pessah. Il semblerait que cette année le nombre de pèlerins soit en hausse, près de 3000, venant de Tunisie, d'Europe de Malte et du Canada c'est ce qu'affirme Mr Perez Trabelsi , Président de l'Association de La Ghriba.
La Synagogue de La Ghriba est située à l'écart du village de Erriadh. Le bâtiment actuel date de la fin du 19ème siècle et a été agrandi et réaménagé. D'un côté de la rue il y a la synagogue qui comporte deux salles en céramique bleue, la salle de prière tapissée d'ex-voto avec le tabernacle contenant la plus vieille Torah du monde dans ses rouleaux d'argent et de l'autre côté un caravansérail.
Légendes et mythes entourent ce lieu. Côté "histoire" on raconte qu'au 6ème siècle avant notre ère Djerba accueille déjà des réfugiés juifs. Ceux-ci auraient fui Jérusalem lors de la destruction du Temple de Salomon par Nabuchodonosor et auraient transporté avec eux quelques pierres de l'édifice qu'ils auraient incorporées à la synagogue de La Ghriba. Côté légende on raconte qu'une belle jeune fille vivait seule sur une colline dans une cabane de branchages, personne n'osait l'aborder mais un jour les juifs du village virent la cabane en feu, ils s'approchèrent et découvrirent que le corps de la jeune fille avait été épargné. Ils en conclurent que c'était une sainte et construisirent une synagogue sur ce site.
Pendant deux jours, rites et festivités vont s'enchaîner et célébrer la mémoire de 2 grands rabbins. Dès le premier jour le tabernacle est illuminé, hommes et femmes participent ensemble à la procession de la Ménara. Sorte de grand lustre, ce candélabre est décoré d'amulettes et de divers tissus, de foulards qui feront l'objet d'enchères et de ventes puis il sera emmené en procession dans les autres synagogues du village. Moment festif plein de joie et de musique accompagné des youyous des femmes. Un autre rite veut que les femmes déposent dans une niche sous la Torah des oeufs crus en inscrivant le nom de jeunes filles à marier. A la fin du pélerinage on revient chercher ces oeufs qui entretemps auront cuit à la chaleur des bougies et chandelles, l'oeuf est remis à la jeune fille concernée qui devra le consommer pour espérer trouver un mari dans l'année. Les discours et prières ne sont pas oubliés, ils se terminent par la séouda, un repas festif et frugal fait de fruits secs et accompagné de la boukha ce fameux alcool de figues.