F - FONDOUK
A Djerba on dénombrait autrefois 25 fondouks près des souks. Ces fondouks ou caravansérails étaient le témoignage d'une importante activité commerciale. Ils étaient disséminés à l'entrée nord de la ville, une zone intermédiaire entre la cité et le port.
A l'origine le fondouk est une "auberge magasin" permettant d'accueillir les caravaniers et leurs montures qui apportaient des marchandises du continent sur l'île.
Léon l'Africain n'écrivait il pas au 16ème siècle : " Le Souk el Kebir, là où affluent régulièrement, en direction des fondouks du centre commercial, les marchands alexandrins, européens, turcs et tunisiens... Tous ces commerçants chrétiens, juifs et musulmans, se trouvent réunis dans ces fondouks pour s'approvisionner, les Vénitiens viennent pour le sel et les fruits, les autres achètent de l'huile, de la poterie et surtout des lainages..."
Construits selon la même architecture, dès le 13ème siècle pour les plus anciens et surtout dès la fin du 16ème pour la plupart d'entre eux, ils se présentent comme des bâtiments fortifiés généralement de forme rectangulaire. On y pénètre par une grande porte en bois de palmier, épaisse et lourde, permettant le passage des animaux tels que chevaux et dromadaires. Cette porte permet de traverser la sqifa, l'entrée, qui débouche sur un vaste patio qui comporte une citerne pour recueillir les eaux de pluie et un puits permettant à chacun d'étancher sa soif ou de faire ses ablutions. Cette vaste cour est entourée d'arcades donnant sur des pièces pour entreposer les marchandises ou abriter les bêtes de somme. A l'étage le même système d'arcades donne sur des chambres où sont logés les commerçants et les hôtes de passage, chaque chambre disposant soit d'une petite fenêtre carrée, soit de trous près du plafond permettant une bonne aération.
Ces fondouks étaient classés par métiers ou activité artisanale, le fondouk de la laine, du nattage ou selon leur localisation, fondouk de l'église, fondouk des maltais ou encore selon le nom de leur propriétaire fondouk Barkallah ou fondouk Bouchadakh...
Aujourd'hui la plupart ont disparu. Certains ont été restaurés et réhabilités pour devenir des galeries marchandes, des restaurants ou des hôtels. On peut voir avec bonheur l' Hôtel Arischa ou l'Auberge de Jeunesse El Mahrala et tout récemment la rénovation du fondouk Jomni qui 350 ans après renaît à la vie en proposant un nouveau lieu branché, salon de thé et espace culturel "El Fondouk".