E - ENVIRONNEMENT
Depuis quelques années déjà il est un problème récurrent à Djerba, celui de la protection de l'environnement.
Sur cette île en effet que faire avec les déchets des particuliers mais surtout ceux des hôtels sur la zone touristique (150 hôtels génèrent 80% des déchets de l'île) et ceux plus dangereux et nocifs des nombreux hôpitaux qui se sont installés sur le front de mer ? Comment collecter, stocker et faire disparaître ces déchets sans polluer l'air et la terre ?
Il existait deux décharges à Djerba l'une du côté d'El Kantara, zone quasi inhabitée, et l'autre vers Guellala. Après la Révolution, en 2012, la parole s'étant libérée, les habitants excédés par les nuisances de cette décharge à ciel ouvert (dont le traitement était assuré par une société française filiale de Suez) avaient manifesté, bloquant les routes et le transport des déchets. A l'époque les islamistes au pouvoir décidèrent de fermer ce dépôt d'ordures sans pour cela proposer d' alternative. Pendant deux ans les décharges sauvages et anarchiques se sont accumulées sur l'île, avec des étés de tous les dangers. Sous la chaleur, Djerba était devenue une poubelle géante où l'on suffoquait à cause des odeurs pestilentielles ou celles plus âcres des poubelles brûlées la nuit, seule solution trouvée par la population. En 2014, le nouveau gouvernement essaie de reprendre en main la situation et de faire entendre la loi : la décharge de Guellala doit rouvrir. Manifestations, grèves, répression, absence de dialogue, blocage sans compter les guéguerres politiques et les propositions de solutions non étudiées...
Cette situation traîne en longueur, les municipalités n'ayant aucun pouvoir dans ce domaine si ce n'est la collecte. Tout est géré par une agence l' ANGED qui reçoit de l'argent de l'étranger et traite avec des entreprises privées. En 2015 une solution est retenue celle d'une unité à Djerba permettant la compression, l'emballage et l'enfouissement des déchets dans une fosse protégée par des géomembranes. Cette solution d'enrubannage des déchets est loin de faire l'approbation des associations environnementales, telle SOS Biaa. Les lixiviats liquides qui résultent des déchets s'échappent dans les sols et contaminent la nappe. Cette solution est taxée de non écologique et coûteuse, il aurait fallu dans un premier temps organiser un tri préalable permettant ensuite de mieux traiter les différents déchets. Mais ces solutions proposées sont encore restées lettre morte malgré les problèmes sanitaires que cela peut engendrer.
Il convient de souligner une première victoire, sous la pression des associations, celle de la suppression des sacs en plastique dans les supermarchés. Le couffin djerbien est remis à l'honneur ! Un petit pas comme celui des "containers" grillagés pour les bouteilles en plastique installés un peu partout maintenant. Elle est loin cette époque de l'ibadisme djerbien où la société rurale avait mis au point la notion de "développement durable" avant l'heure ! Ces améliorations qui n'ont peut-être l'air de rien sont soutenues par les djerbiens et par des associations citoyennes qui prennent cette situation à bras le corps notamment en sensibilisant les jeunes générations et en évoquant des réponses individuelles telles que le tri sélectif, le compostage, la collecte des bouteilles...
Une solution globale à long terme est évidemment à envisager car la pollution sous toutes ses formes demeure calamiteuse sur cette île fragilisée par le manque d'eau et l'érosion. Un véritable challenge lors des prochaines élections municipales sans cesse retardées !