E - EGLISE



L'église catholique Saint-Joseph à Houmt Souk fait face à la mosquée Ech Cheikh et ses deux tours se dressent fièrement dans le ciel bleu.

Sa construction en 1848 s'explique par le grand nombre de pêcheurs italiens et maltais de religion catholique à Djerba. En ce temps là nombreux étaient les maltais qui fuyaient la pauvreté et la misère de leur île. Leur exil les conduit surtout à Ghar el Melah et à Djerba. Ils s'adonnent à l'agriculture et à la pêche, notamment la pêche aux éponges. A Djerba ils se regroupent autour du Fondouk al Malti et représentent la majorité des chrétiens de l'île. C'est dans ce quartier qu'ils achètent un terrain qui appartenait à la famille Ben Ayed et construisent une petite chapelle carrée dite "chapelle maltaise" grâce à un prêtre de la mission Saint-Vincent de Paul. Ils font ajouter un presbytère pour accueillir le premier curé résident, le père capucin Gaetano da Ferrara. Nous sommes sous le règne d'Ahmed Pacha Bey, celui ci ordonne alors de raser la sinistre Tour des Crânes (Borj Rouss) et d'enterrer les restes des soldats espagnols massacrés en 1560 au cimetière chrétien. 

En 1855 le père Gaetano est remplacé par un prêtre français André Bois qui, grâce aux dons généreux des habitants de Malte, agrandit l'église en lui donnant sa forme actuelle.  

En 1901 l'église s'embellit encore dans un style baroque très apprécié par la communauté maltaise avec le nouveau curé François Xerri qui vient lui aussi de Malte. Il fait rajouter deux tours à l'église ainsi que des cloches, fait percer des fenêtres dans la nef, et fait décorer les piliers avec des chapiteaux sculptés en pierre de Malte par un sculpteur de Gozzo et pour couronner le tout les piliers sont recouverts de damas lyonnais en soie.

Dédiée à Saint-Joseph elle a existé jusqu'en 1964. Reprise par l'Etat tunisien elle a été utilisée comme salle de cours puis comme salle de sports. En 2005 suite à la requête de plusieurs pays européens qui ont des ressortissants chrétiens à  Djerba  elle a été mise à la disposition du Diocèse de Tunis et rendue au culte. Aujourd'hui un nouveau curé le père Matteo Lando vient d'être nommé pour faire vivre cette église et sa communauté.   

A Houmt Souk, en face de la Marina, et de façon beaucoup plus discrète, se tient une autre église toujours en activité, celle ci est orthodoxe. Fondée vers 1890 à une époque où la communauté grecque était importante, là aussi les pêcheurs grecs venaient chaque été le long des rivages libyens et tunisiens pour accomplir leur campagne de pêche d'éponges. Et beaucoup ont fini par s'installer à Sfax ou à Djerba comme pêcheurs ou artisans et ils ont fait construire une église grecque orthodoxe qui a pris le nom d'Eglise Saint-Nicolas, patron des pêcheurs.

"Entre 1900 et 1920, la communauté grecque de Djerba était très importante, et pendant les fêtes de la Pâque orthodoxe, plusieurs centaines de Grecs se pressaient dans l'Eglise Saint-Nicolas... Pendant cette semaine pascale, près de trois cents caïques grecs étaient au mouillage devant le port de Houmt Souk." relate Laris Kindynis dans ses souvenirs. 

La présence de ces églises qu'elles soient catholiques ou orthodoxes, tout comme la synagogue de la Ghriba prouvent une fois de plus le caractère d'ouverture et  de tolérance que l'on attribue à Djerba.

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