C - CHAUSSEE ROMAINE

 


Aujourd'hui il existe deux possibilités pour quitter Djerba hors l'avion, prendre le bac à Ajim pour rejoindre Djorf sur le continent ou aller jusqu'à El Kantara et continuer par la chaussée romaine en direction de Zarzis. Le panneau annonce Chaussée Romaine ou Treq el Djemel en arabe (c'est à dire Route des chameaux). Mais j'ai appris depuis peu que de récentes recherches historiques dues à Mohamed Ali Hbaieb montrent qu'il existait en fait deux voies différentes attestées par de vieilles cartes de Djerba mais qui aujourd'hui se conjuguent sous la même appellation.

Il faut d'abord savoir que Djerba a toujours été difficile d'accès pour les marins à cause des hauts fonds, des bancs de sable et des courants marins, les oueds, qui favorisent les enlisements des bateaux. Alors les populations d'antan se sont adaptées. 

La plus ancienne voie serait Treq el Djemel. Il est probable, selon les chercheurs, que ce passage ait existé de tout temps. Il partait de Ras Tarbella et rejoignait donc la côte. Un passage assez court sur 4 km mais un passage très sinueux et dangereux pour qui ne connait pas les oueds. C'est la voie des caravanes, utilisée à marée basse par les djerbiens jusqu'à la fin du 19ème siècle. Elle permettait d'acheminer marchandises et troupeaux et certainement d'échapper au siège des envahisseurs lors des multiples conflits qu' a vécu l'île. Ce passage aurait été submergé par les eaux du détroit de la mer de Boughrara. C'est sur ce chemin qu'a été construit Borj el Akrab que l'on voit aujourd'hui en pleine mer. 

Quant à la chaussée romaine proprement dite elle se situait donc plus à l'est. Elle aurait été aménagée dès la fin du 2ème siècle, début du 3ème. C'est la voie commerciale par excellence. Les phéniciens, habiles navigateurs et commerçants avisés, avaient installé un comptoir à Djerba, probablement à Méninx, pour exploiter le murex un coquillage dont on tirait la pourpre utilisée pour la teinture. Aussi pour faciliter les échanges les carthaginois édifient les premiers une chaussée de pierres pour relier l'île au continent. Les romains vont l' améliorer car le commerce est florissant entre Méninx et Zitha près de Zarzis. Certes, la route est plus longue que le passage, 11 km, mais elle est aussi plus droite, plus rectiligne et plus sûre. Fonctionnalité et rentabilité vont donc primer. Cette chaussée romaine sera réaménagée au Moyen-Age puis restaurée à l'époque coloniale dans les années 1950 sous la direction de Charles Charreton. Elle connaîtra par la suite d'autres améliorations. 

Pendant longtemps les deux voies vont donc cohabiter, une voie locale utilisée à marée basse par les djerbiens et une voie commerciale.  

Aujourd'hui, elles ne font donc plus qu'une, 7 km séparent l'île du continent et les derniers travaux datent de 2006 avec la construction d'un pont routier en béton armé. Il est à noter aussi qu'un pipeline parcourt le pont et assure l'alimentation en eau douce de l'île bien utile pour les hôtels de la zone touristique. 

Malgré toute l'histoire qu'elle recèle, cette voie se découvre sans attrait pour notre regard d'aujourd'hui mis à mis part les cormorans noirs qui viennent sécher leurs ailes sur les barques des pêcheurs. 

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